Éditions GOPE, 12.6 x 18.4 cm, 340 pages, ISBN 979-10-91328-31-9, 18 €

Traduction : Marie Armelle Terrien-Biotteau

vendredi 5 août 2016

Note de l'auteur

Jamais je n’avais envisagé d’écrire une autobiographie. Cela aurait été teinté d’arrogance : je n’étais ni star de rock, ni explorateur, footballeur ou membre de l’aristocratie scélérate. Certes, j’ai eu la grande chance d’avoir une vie intéressante, mais cela n’a rien d’unique et je n’avais pas songé à la raconter. Je n’ai jamais écrit de journal, sauf lors de mes voyages, car j’ai une mémoire très efficace et ce d’autant plus que mon métier d’écrivain l’exerce en permanence.


Puis, en octobre 2002, on me découvrit une tumeur au cerveau des plus malignes qui soient. Une craniotomie ne fit que confirmer que je souffrais d’un cancer curieusement appelé glioblastome multiforme de grade IV. Il était incurable, pratiquement inopérable et résistant à la chimiothérapie. Lors de ma convalescence, avec une plaque métallique et une demi-douzaine de vis dans la tête, et la tumeur encore quasiment entière in situ, mes deux enfants – âgés de plus de 20 ans – me demandèrent de leur raconter le début de ma vie.

Ayant essayé, sans le moindre succès, de convaincre mon père d’en faire autant pour moi, et de me parler de nos ancêtres – il rejoignit sa tombe dans un silence inflexible sur la question et je n’avais jamais pensé à interroger ma mère qui était décédée subitement assez jeune sept ans plus tôt – je pris la décision de me mettre à écrire sur mon enfance, passée à Hong Kong.

Une fois la tâche entreprise, le passé commença à se dérouler – se dénouer serait peut-être plus approprié – devant moi. J’avais bien l’aide d’une espèce de cahier et de quelques albums photos que ma mère avait faits, mais ils confirmèrent – autant qu’ils ravivèrent – certains souvenirs, étoffèrent des anecdotes qui tournent dans mon esprit depuis des années, évoquèrent des noms oubliés et posèrent un visage sur chacun d’eux.



À dire vrai, je n’ai jamais complètement quitté Hong Kong, ses rues et ses collines, ses vallées boisées, ses myriades d’îles et ses rivages déserts si familiers au garçonnet de 7 ans que j’étais, curieux, parfois retors, audacieux et inconscient des dangers de la rue. Je n’ai fait que repasser en boucle ma vie à Hong Kong dans les coins et recoins de mon esprit à l’instar des dessins animés projetés dans les cinémas pendant la guerre.

Tout ceci n’est guère surprenant – Hong Kong fut mon chez-moi ; c’est là que j’ai passé mon enfance, c’est là que sont mes racines et c’est là que je suis devenu un homme.


Martin Booth.
Devon, Royaume-Uni, 2003.

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